Premier Numéro

(Janvier 2022)

Nouveau virus, même système!

Cet éditorial présente sommairement le tout premier numéro d’Aléas et les réflexions du comité sur la pandémie. Nous gardons en tête que, bien que les conséquences de la pandémie soient réelles et concrètes, elles ne sont que l'aboutissement logique des dérapes d’une société fondée sur l'exploitation.

Une petite histoire de la vaccination

Alors que, comme son nom l’indique, la pandémie de Covid-19 est un enjeu transnational, la réponse des États en matière de vaccination est nationale. L’histoire du développement des vaccins, et de son assimilation au système de production capitaliste permet de souligner les problèmes qu’entraîne sa commodification, comme s’il s’agissait d’un bien à acheter et non pas d’un outil essentiel à la survie de dizaines de milliers de personnes. Pour mettre fin à cette pandémie, il faudra un effort mondial afin de rendre accessibles les vaccins à l’ensemble de la population, pas seulement aux pays riches du Nord global. Il faudra sortir de la logique capitaliste et des sacro-saints brevets et faire travailler le complexe industriel afin de distribuer ces vaccins gratuitement tant au Nord qu’au Sud.

La bataille contre les écrans : une expérience familiale vers la libération de nos cerveaux

Notre temps éveillé est de plus en plus accaparé par les cellulaires, les ordinateurs, les tablettes : que ce soit dans nos emplois ou à l’extérieur. La pandémie et la mise en place de la distanciation physique ont accentué cette dépendance aux écrans. Constatant les impactes négatifs de cette atomisation du lien social au sein de sa propre famille, l’autrice à décider de reconstruire ce rapport aux virtuelles, aux écrans, en faveur d’un contacte non-médié avec la réalité via des activités ne reposant pas sur l’usage de technologies numériques. Ce déplacement de la place des écrans dans la vie de sa famille, passant du centre à la périphérie, de l’Activité par défaut à une activité parmi d’autres, est motivé par une prise de conscience des effets négatifs sur le développement des enfants de la surexposition à ce flux médiatique ininterrompue.

La « crise migratoire » d’Amérique centrale au temps de la COVID-19 : une pandémie (in)espérée ?

Passant d’une circulation discrète, via divers réseaux clandestins, à la constitution de massives caravanes, le flux migratoire en provenance d’Amérique centrale s’est accentué dans les dernières années. La médiatisation d’une caravane en partance du Honduras et bloquée à frontière avec les États-Unis en 2018 « contribua à attirer l’attention de la communauté internationale sur les risques et la vulnérabilité ». Ce flux de migrant.es est une conséquence directe de la situation de violence de plusieurs pays d’Amérique centrale et du sud, dont le narcotrafic endémique est l’expression la plus spectaculaire. Affectées depuis des décennies par les politiques néolibérales nationales et internationales ainsi que par l’activité des multinationales étrangères, ces populations cherchent à améliorer leurs conditions de vie en se déplaçant au Nord. Aujourd’hui, l’aspect économique et politique de la crise pandémique de Covid-19 vient aggraver cette situation, entraînant plus de contrôle et de répression des personnes migrantes.

Pour une école à échelle humaine

« Avec le démantèlement des commissions scolaires et l'application des mesures sanitaires, les directions sont considérées comme personnellement responsables de l'atteinte d'une foule de cibles plus irréalistes les unes que les autres confectionnées par des gens qui ne sont évidemment pas sur le terrain. » La pandémie a aggravé la situation des écoles québécoises, déjà peu reluisante. Ce système d’éducation, qui presse ses employé.es à inculquer le respect de l’Autorité aux enfants au détriment d’un enseignement qui valoriserait leur épanouissement, est brisé. « Ces enfants sont en train d'apprendre […] à se taire, à refouler et à résoudre des dissonances cognitives par des mensonges. Iels apprennent que vivre des émotions est […] un obstacle qui ralentit tout le monde […]. » Bref, plutôt que d’être éveillé.es par l’école, ces enfants se font éteindre.

Queer et pandémie : quelques outils pour faire face à un amalgame de crises

Ce texte part de la prémisse que nous vivons dans un état de crise — environnementale, économique, politique et cie — permanent. Les inégalités de nos sociétés ne seraient pas des conséquences de débalancements ponctuels du système (e.g. récessions économiques ou pandémies), mais constituaient la nouvelle norme : un état permanent d’incertitude et de pertes de repères. Face à ces formes de violences entrelacées, les approches, tant théoriques que pratiques, et les identités Queer permettent d’imaginer un éventail de possibilités de résistances en temps de pandémies. L’expérience des communautés Queer en gestion de crise acquise dans le cadre de la pandémie de VHS/sida peut être transposée à celle du Covid-19.

L'après-pandémie marquera-t-elle un recul pour les droits des femmes? Regard sur le cas de l'avortement

La pandémie actuelle accentue les oppressions et les inégalités. Dans nos sociétés patriarcales, les femmes subissent le contrecoup de cette nouvelle forme que prend la crise. Alors que les féminicides sont en hausse durant l’actuelle pandémie les enjeux de santés visant le corps des personnes, tel l’accès à l’avortement, sont éclipsés au nom d’enjeux considéré comme plus important par nos dirigeants. La question du droit à l’avortement permet de mettre en lumière les luttes féministes actuelles contre les politiques conservatrices et leurs conséquences négatives sur les droits des femmes.

Contrastes socio-territoriaux et contamination au coronavirus

Cette carte représente les liens étroits entre la contamination des individus à la Covid-19 et leur origine socioéconomique sur l'île de Montréal. Alors que les quartiers aux revenus élevés ont généralement pu travailler à distance durant la pandémie, les personnes habitant les quartiers populaires se sont beaucoup plus exposées au virus dans leurs milieux de travail.

Quelques pensées sur la surveillance covidienne

Comme bien d’autres avant elle, la crise « sanitaire » actuelle a entraîné dans sa foulée un (re)déploiement d’un ensemble de mesures de surveillance. Entre le consentement inconditionnel à l’usage de ces technologies, qui circonscrivent nos droits et libertés, et la réflexion paranoïaque de celles et ceux qui « font leurs propres recherches », ce texte appel à ne pas s’abandonner complètement aux mains de ce dispositif technopolicier tout en ne rejetant pas les mesures qui visent à freiner la propagation du virus. Plutôt que de proposer une analyse détaillée de ce dispositif et de ses impacts sur nos vies, l’auteur propose des manières concrètes de résister à cette surveillance.

Témoignage à la suite du maintien par le tribunal de la Loi 21 sur la laïcité de l'État

Plutôt que d’assurer l’ostentatoire laïcité de l’État québécois, la Loi 21 à des effets plus que nuisibles. Les femmes musulmanes voilées sont les principales cibles de cette interdiction du port de symbole religieux. Plutôt que de favoriser réellement la laïcité des travailleuses de l’État, cette Loi participe de la discrimination systémique qui gangrène notre société.

La résistance a des rhizomes, sens-les sous la plante de tes pieds

Ce poème est en quelque sorte un cri de détresse et d’espoir face à une actualité marquée par l’enchevêtrement des crises sanitaires, environnementales, sociales et économiques. Il exprime un malaise de vivre à travers la domination et l’exploitation du vivant et fait un appel à une solidarité fondée sur l’ancrage environnemental de notre émancipation collective.