La « crise migratoire » d’Amérique centrale au temps de la COVID-19 : une pandémie (in)espérée ?
Par Lucas Aguenier
Alors que le flux de migrants « illégaux » et de migrantes « illégales » en provenance de l’Amérique centrale vers les États-Unis d’Amérique n’a quasiment jamais cessé d’augmenter depuis le début des années 2000, la pandémie de COVID-19 et la fermeture des frontières ont contraint à la baisse ces mouvements de population. Pourtant, au début de l’année 2021, un an après le début d’une pandémie qui reste toujours d’actualité sur le continent, le flux migratoire est reparti à la hausse dans des proportions rarement observées au cours de ces dernières années. Même si les raisons sont plus profondes, les impacts sociaux et économiques de la pandémie dans les pays d’Amérique centrale et le changement politique aux États-Unis pour une administration gouvernementale d’apparence plus « douce » avec les migrants sans papier explique certainement cet engouement. Toutefois, malgré les promesses de Joe Biden de redonner un visage plus « humain » au système migratoire américain, le contexte de pandémie mondiale sert à nouveau de prétexte pour décourager des migrant·e·s qui n’ont rarement d’autre choix que de fuir leur pays.
Les caravanes de migrants : le visage contemporain d’une « crise migratoire »
On se souvient des images de la caravane de migrant·e·s en 20181 : d’un côté, des milliers de migrant·e·s en provenance de l’Amérique centrale et en direction des États-Unis bloqués sur un pont à la frontière entre le Guatemala et le Mexique, et de l’autre, des lignes policières et une barrière qui finit par tomber face à la pression de ces migrant·e·s. Ces images ont fait le tour du monde en octobre 2018 et ont permis d’illustrer ce qui était alors qualifié de « crise migratoire » en Amérique centrale. Quelques jours plus tard, le gouvernement de Donald Trump envoya des milliers de troupes américaines à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, dans le but de repousser cette vague de migrant·e·s et éviter ce que l’ancien président nommait alors « d’invasion »2. Si la caravane, largement suivie par les médias internationaux, est parvenue à atteindre la frontière nord du Mexique, elle a alors été refoulée par les autorités américaines. Face à l’échec de cette caravane d’entrer aux États-Unis, certain·e·s migrant·e·s se sont alors engagé·e·s dans un long processus de demande d’asile aux États-Unis ou au Mexique. D’autres, poursuivant leur objectif d’arriver aux États-Unis, ont malgré tout tenté de franchir clandestinement la frontière. D’autres enfin, n’ont eu d’autre choix que de rentrer dans leur pays d’origine. Cette situation s’est répétée à plusieurs reprises depuis 2018, avec les mêmes images et les mêmes issues.
Spectaculaires et très médiatisées, les caravanes de migrant·e·s ne représentent pourtant qu’une infime partie du flux migratoire réel en provenance de l’Amérique centrale vers les États-Unis. En effet, la majorité des migrant·e·s d’Amérique centrale privilégie des stratégies d’invisibilisation au cours de leur voyage, en traversant le Mexique en petits groupes et en empruntant le train de marchandises surnommé « La Bestia »3. Transitant par le Mexique sans papiers et bien souvent sans argent, les personnes migrantes cherchent ainsi à se cacher des autorités nationales de migration qui font peser sur elles le risque de déportation vers leur pays d’origine, ainsi que des agent·e·s de la police et de la garde nationale qui commettent sur elles vols et abus. En plus des différentes autorités nationales, les migrant·e·s doivent également éviter les bandes criminelles et cartels locaux. Ces derniers ont en effet fait de l’extorsion des personnes migrantes, de leur séquestration, et de leur intégration forcée à leurs réseaux criminels une activité économique à part entière (Vogt, 2013, 2019). La première caravane de migrant·e·s qui sort du Honduras en 2018 marque donc une rupture avec les stratégies d’invisibilisation qui primaient jusqu’alors (Wurtz, 2020, p. 3) : la taille de la caravane permet aux migrant·e·s d’éviter la détention par les autorités de migration qui ne peuvent pas tous les arrêter, mais aussi de se défendre face aux abus réguliers dont ils et elles étaient victimes tout au long de leur voyage. La médiatisation de l’évènement contribua à attirer l’attention de la communauté internationale sur les risques et la vulnérabilité qu’ils et elles vivent au cours de leur voyage et sur la situation de désespoir qu’ils et elles fuient en quittant leur pays (Leprince, 2018).
Les origines de la migration vers les États-Unis
La « crise migratoire » des pays d’Amérique centrale est bien plus ancienne que l’apparition de ces caravanes et remonte au moins au début des années 2000. Poussé·e·s par des conditions économiques précaires et par un contexte de violence lié au narcotrafic et à l’absence d’État de droit, des centaines de milliers de migrant·e·s et de réfugié·e·s ont déjà quitté chaque année leurs pays avec l’objectif de rejoindre les États-Unis. Cette réalité a été accentuée par l’héritage de dizaines d’années de violence politique au Guatemala au Salvador et au Honduras qui, loin d’avoir disparu, a été intensifiée avec l’émergence des gangs transnationaux comme les bandes rivales Mara Salvatrucha (MS-13) et Mara Barrio 18. Tous deux originaires de Los Angeles et « exportant » plusieurs de leurs membres vers l’Amérique centrale, où ils commettent abus et extorsions sur les populations locales. Les politiques de « tolérance zéro », alors mises en place par les gouvernements d’Amérique centrale afin de contenir les violences de ces organisations criminelles, n’ont pour la plupart jamais réussi à mitiger les violences faites à la population et les ont même largement accentuées (Bruneau, Dammert, & Skinner, 2011).
Si l’on explique souvent l’augmentation des migrations « illégales » en provenance d’Amérique centrale vers les États-Unis à partir de la pauvreté et de la violence si caractéristique de cette région, on a tendance à oublier qu’elles sont aussi le produit de la violence du capital et du néolibéralisme (Villafuerte Solís, 2017). En effet, si les accords de paix au Salvador et au Guatemala dans les années 1990 n’ont pas permis de mettre fin à la violence d’État et des groupes criminels, ils ont toutefois permis l’ouverture progressive du commerce avec d’autres pays et la signature de traités de libre-échange, notamment avec le Mexique. Bien loin de contribuer à l’enrichissement de ces différents pays, ils ont surtout impliqué des politiques d’ajustement structurel qui se sont soldées par l’augmentation des inégalités et de l’incertitude économique d’une grande partie de leur population. Dans le même ordre d’idée, le coup d’État de 2009 au Honduras a été voulu et organisé par les multinationales, les lobbys étrangers, et les anciennes élites politiques du pays (Lambert, 2010). Il permit l’installation au pouvoir d’un gouvernement favorable à l’exploitation du pays par les capitaux étrangers et participa en ce sens à la fragilisation de la frange de la population hondurienne la plus pauvre. L’échec des politiques de développement mises en place dès le début des années 2000 – comme cela a été le cas avec le Plan Puebla-Panamá lancé en 2001 et renommé Plan Mésoamérique – sont également responsables de ces mouvements migratoires. En effet, la privatisation des terres agricoles pour l’exportation, la concentration des capitaux produits et les déplacements forcés entrainés par ces politiques de développement ont été largement dommageables aux populations locales et ont provoqué une forte dépendance aux envois de fonds des migrations (Villafuerte Solis, 2008).
Lorsque la pandémie de COVID-19 touche l’Amérique centrale en mars 2020 et pousse à l’arrêt l’économie de ces pays, elle ne fait ainsi qu’exacerber une crise sociale, politique et économique déjà profonde dans la majorité de ces pays. D’une certaine manière, cette pandémie s’ajoute aux soubresauts des économies nationales et du système monétaire mondial, ainsi qu’aux nombreux désastres de nature écologique qui provoquent chaque année de nouveaux cycles de migrations transnationales. En effet, les raisons « politiques », « économiques » et/ou « écologiques » qui poussent des milliers de personnes sur les routes de la migration changent annuellement, mais les raisons profondes énumérées précédemment, elles, restent les mêmes.
À qui profite la(les) crise(s) ?
Contrairement à ces facteurs structurels qui ne font « que » pousser les populations sur les routes de la migration, la pandémie de COVID-19 a aussi un impact sur le voyage de ces migrant·e·s sans papiers. Les débuts de la pandémie ont ainsi été synonymes d’augmentation de la précarité et de l’incertitude vécues par les populations migrantes tout au long de leur voyage. Dans les premiers mois de la pandémie au Mexique, les mesures sanitaires ont entraîné la fermeture des divers lieux d’accueil, de repos et d’aide apportés aux personnes migrantes et aux demandeurs d’asile. Dans certaines villes proches de la frontière nord et sud du Mexique, où de nombreuses personnes migrantes et demandeuses d’asile se retrouvent « bloquées » de longs mois en attendant de passer ou de recevoir une réponse à leur sollicitation, ces fermetures ont signifié une mise à la rue pure et simple. En quelques mois, les situations de vulnérabilité, de précarité et d’incertitude vécues par des milliers de migrant·e·s se sont largement accentuées et aggravées.
Si l’aggravation de ces situations de vie difficiles peut être considérée comme un « dommage collatéral » de la pandémie et des mesures sanitaires, ces dernières ont aussi souvent servi de prétexte pour renforcer des mesures déjà existantes de contrôle, de criminalisation et de répression de la migration. Depuis 2020, les mesures mises en place pour empêcher les caravanes de migrant·e·s dans les pays de transit ont constamment été accompagnées d’un discours associant les personnes migrantes à un risque de contagion et à la mise en danger directe de la santé publique. En janvier 2021, alors qu’une des plus grandes caravanes de migrant·e·s sortait du Honduras pour rejoindre les États-Unis, celle-ci fut violemment repoussée à quelques kilomètres de la frontière avec le Guatemala. Grâce au virus, les gouvernements des pays de transit avaient ici un argument de poids pour repousser cette caravane « quoiqu’il en coûte »4. Les discours et les mesures mises en place pour repousser ces caravanes sont pourtant loin d’avoir permis de les contenir, mais elles ont surtout poussé les personnes migrantes à poursuivre leur chemin dans la vulnérabilité et l’invisibilité qu’ils connaissaient habituellement sans les caravanes. Les risques de contamination entraînés par la caravane et l’augmentation du flux migratoire depuis le début de l’année 2021 ont aussi poussé le Mexique, sous pression des États-Unis, à renforcer sa frontière sud. Même si cette information est encore démentie par les gouvernements des États-Unis et du Mexique, il est pourtant clair pour de nombreux observateurs locaux que le gouvernement Biden a envoyé au Mexique des millions de doses du vaccin AstraZeneca en échange du renforcement de sa frontière sud. Alors que le Mexique continue de recevoir des milliers de touristes de partout dans le monde, il a été contraint de fermer temporairement sa frontière sud pour les voyages terrestres « non essentiels » en provenance de l’Amérique centrale.
Les réactions engendrées par la pandémie mondiale ont donné une place prépondérante aux États-Unis dans les politiques migratoires des pays du « Sud », mais l’exceptionnalisme de la pandémie s’inscrit en fait en continuité à des précédentes « crises » qui ont servi de prétexte pour renforcer leur politique d’externalisation des frontières. Visant à réduire à la source les flux migratoires en direction de leur territoire, les États-Unis ont financé et fait pression sur ses voisins du Sud pour qu’ils renforcent leur arsenal administratif, sécuritaire, et répressif contre les migrations dites « illégales ». Par exemple, au nom de l’augmentation de la supposée « menace terroriste » suivant les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis en avaient profité pour renforcer leurs programmes gouvernementaux bilatéraux de coopération entre les institutions de migration, de « sécurisation » des frontières et du territoire, et de « criminalisation » des personnes migrantes en situation irrégulière5. De même au Mexique, la guerre contre le narcotrafic largement financé par les États-Unis a été utilisée pour persécuter les migrant·e·s d’Amérique centrale alors soupçonnés de servir de « mules » ou de « passeurs » de drogues aux cartels mexicains6. En 2014, Barack Obama nomma de « crise humanitaire » l’augmentation du flux de mineur·e·s non accompagné·e·s de leurs parents et de demandeur·e·s d’asile, poussant de ce fait le Mexique à adopter un nouveau « Plan Sur »7. Comme mentionné précédemment, la situation de « crise » engendrée par les caravanes de migrant·e·s – loin d’avoir permis aux migrant·e·s d’être écoutés et davantage protégés au cours de leur voyage – a surtout participé à renforcer l’arsenal administratif et répressif des pays de transit. Depuis le début des années 2000, on a ainsi pu observer un renforcement permanent de ces politiques de « sécurisation » des frontières et de « criminalisation » des migrant·e·s en situation irrégulière dans les pays de transit et de destination lorsqu’une crise pourtant « temporaire » éclatait.
Poussé par son voisin du Nord, le Mexique a progressivement établi des zones de contrôle tout le long des grands axes routiers de son territoire, s’est doté de centres de détention pour migrant·e·s partout dans le pays, et a élargi leur criminalisation. Historiquement une terre d’accueil et de refuge, le territoire mexicain est progressivement devenu – sous pression de son voisin du Nord – une « zone tampon » entre les États-Unis et les pays d’Amérique latine, jusqu’à être tristement surnommé « la frontière verticale ». Jusqu’à tout récemment, les États-Unis ne s’accommodaient pas seulement d’intervenir dans la gestion des migrations de son voisin du Sud, mais ils se sont aussi immiscés dans les politiques migratoires de l’ensemble des pays d’Amérique centrale, plus particulièrement du Guatemala (Shear, 2019). De même, cette dynamique ne s’arrête pas uniquement aux politiques d’externalisation mises en place par les États-Unis, mais elle est un phénomène politique que le Mexique a reproduit lui-même sur ces voisins plus au Sud et qu’il a lui-même intensifié avec cette période de pandémie mondiale.
La pandémie de COVID-19 n’est pas une situation « exceptionnelle »
Il est indéniable que pour beaucoup d’entre nous, la crise entraînée par la pandémie de COVID-19 revêt quelque chose de profondément nouveau tant elle a appelé à des transformations majeures dans nos modes de vie. Pourtant, cette situation « exceptionnelle » que nous croyons vivre est peut-être la chose la moins partagée dans le monde en ce moment lorsqu’il s’agit de décrire les conséquences de la crise sanitaire. En abordant les points saillants du contexte migratoire en Amérique centrale et au Mexique, on se rend compte que le contexte de pandémie mondiale de COVID-19 n’a rien entraîné de nouveau : il a accentué des crises structurelles déjà présentes et aggravé des situations d’incertitude et de vulnérabilité déjà vécues par les personnes migrantes, tout en accordant toujours plus de leviers politiques pour les gouvernements désireux de réduire ces flux migratoires.
Références
- Bruneau, T., Dammert, L., & Skinner, E. (2011). Maras: Gang Violence and Security in Central America. Austin: University of Texas Press.
- Dominguez Villegas, R., & Rieteg, V. (2015). Migrants Deported from the United States and Mexico to the Northern Triangle: A Statistical and Socioeconomic Profile Washington. Regional Migration Study Group, Migration Policy Institute.
- Lambert, R. (2010). Honduras, un an après le coup d’Etat. Le Monde Diplomatique. Retrieved from https://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-06-28-Honduras
- Leprince, J.-M. (2018). C’est pour fuir le désespoir que des milliers de migrants quittent le Honduras. Radio-Canada. Retrieved from https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1135025/caravane-migrants-honduras-mexique-etats-unis
- Shear, M. (2019, July 29, 2019). The U.S. and Guatemala Reached an Asylum Deal: Here’s What It Means. The New York Times.
- Villafuerte Solis, D. (2008). Migración y desarrollo en el área del Plan Puebla-Panamá. In D. Villafuerte Solis & M. d. C. García Aguilar (Eds.), Migraciones en el sur de México y Centroamérica (pp. 171-217). México: UNICACH Miguel Angel Porrúa.
- Villafuerte Solís, D. (2017). Tiempo de fronteras : una visión geopolítica de la frontera sur de México. Tuxtla Gutiérrez, Chiapas: Universidad de Ciencias y Artes de Chiapas.
- Vogt, W. A. (2013). Crossing Mexico : structural violence and the commodification of undocumented Central American migrants. American Ethnologist, 40, 764-780.
- Vogt, W. A. (2019). Lives in transit : violence and intimacy on the migrant journey. Oakland, California: University of California Press.
- Wurtz, H. M. (2020). A movement in motion: collective mobility and embodied practice in the central American migrant caravan. Mobilities, 1-15.
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Tweet original : “Many Gang Members and some very bad people are mixed into the Caravan heading to our Southern Border. Please go back, you will not be admitted into the United States unless you go through the legal process. This is an invasion of our Country and our Military is waiting for you!” — Donald J. Trump (@realDonaldTrump) October 29, 2018. ↩︎
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Le train de marchandise qui traverse le Mexique, tristement surnommé « La Bête » du fait des morts et des corps mutilés qu’il a provoqués jusqu’à aujourd’hui. ↩︎
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Exigeant depuis le début de la pandémie de COVID-19 un test négatif pour quiconque entre sur son territoire, les autorités guatémaltèques ont ici trouvé le prétexte pour repousser ces migrant·e·s qui pour la plupart, ne disposaient pas des fonds nécessaires pour payer un tel test. Loin de dissuader les migrant·e·s de continuer leur voyage, cette répression a surtout poussé les migrant·e·s à continuer leur voyage en petit groupe ou seul·e. ↩︎
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Entre 2001 et 2003, le Mexique adopta le premier « Plan Sur » qui permit d’établir des postes de contrôle sur les principaux axes routiers de son territoire utilisés par les migrant·e·s, mais aussi de développer la coopération entre les institutions nationales de migration du Mexique et des États-Unis. ↩︎
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L’initiative Mérida lancée par les États-Unis en 2007 permit au Mexique de se doter de moyens policiers et de surveillance conséquents dans sa lutte contre le trafic de drogue. En plus d’augmenter les contrôles sur les flux clandestins de marchandises, ces fonds ont aussi servi à augmenter les contrôles sur les personnes migrantes, principalement en provenance de l’Amérique centrale. ↩︎
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Un des premiers objectifs de ce nouveau « Plan Sur » était ainsi de renforcer les contrôles des voies de chemin de fer du Sud du Mexique afin de « protéger » les migrant·e·s voyageant avec le train de marchandises. Une conséquence de ce nouveau « Plan Sur » a surtout été une augmentation drastique du nombre de déportations depuis le Mexique vers les pays d’Amérique centrale, surpassant même le nombre de déportations des États-Unis (Dominguez Villegas & Rieteg, 2015). ↩︎